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L'assassinat
de Martin Luther King

Martin Luther King
Le rêve assassiné

A Atlanta, le 9 avril 1968, plus de 200 000 personnes suivent son cercueil, posé sur une carriole de fermier tirée par une mule... Sur sa tombe sont gravés ces mots, repris de I have a dream :
Enfin libre. Merci Dieu Tout-Puissant. Je suis enfin libre.

Soudain une détonation

martin luther king à Memphis
Le 4 août 1968, à Memphis, dans une chambre du motel « Lorraine », Martin Luther King, venu soutenir la grève des éboueurs qui dure depuis deux mois, bavarde avec quelques amis, près de la fenêtre ouverte. Il fait déjà chaud, en cette saison, dans le Tennessee.
Une déflagration retentit King s'effondre, le visage éclaboussé de sang : une balle est entrée dans sa joue droite, lui a fracassé mâchoires et vertèbres avant de sectionner la moelle épinière. Marrell McCollough, un policier en civil assigné à la surveillance de King, se précipite et tente de stopper l'hémorragie avec une serviette.
Lorsque les secours arrivent, il est encore vivant
Quinze minutes plus tard, le pasteur arrive à l'hôpital Saint Joseph de Memphis. Une chirurgie d'urgence est inutile : Martin Luther King est déclaré mort à 19h05, à l'âge de 39 ans. L'autopsie révélera que son coeur, usé par le stress, paraissait celui d'un homme de 60 ans.

James Earl Ray, l'assassin de Martin Luther King

assassinat de Martin Luther-King
Tout de suite, le F.B.I. est sur place. Il va mettre un étrange acharnement à capturer le meurtrier. La chasse à l'homme qui commence, va lui coûter des millions de dollars. Elle sera supervisée de très près, et personnellement, par le premier assistant de Hoover, Deke de Loach, le seul homme qui ait assisté à la fameuse entrevue entre Hoover et King, en 1964.
Le coup de feu a été tiré d'une pension de famille minable située en face du motel. On y récupère un fusil à lunette et la trousse de toilette du meurtrier. L'arme a été achetée à Birmingham.
Aucun autre indice, qu'un quart d'empreinte digitale sur le canon du fusil et un autre petit bout sur une lame de rasoir mécanique dans la trousse. Le meurtrier s'est enfui dans une Mustang blanche, modèle 1966.
Un mystérieux appel radio, lancé sur la fréquence de la Police — et dont on ne retrouvera jamais l'origine — oriente les enquêteurs locaux dans la direction opposée. Pendant six jours, les policiers s'efforcent d'identifier l'assassin : un homme âgé de vingt-cinq à quarante ans, au signalement plus qu'imprécis.
C'est le service d'identification du F.B.I. qui va faire sortir l'enquête de l'impasse. Le Bureau a établi une première sélection de 25 000 empreintes, parmi lesquelles, en moins de quinze heures, les experts vont repérer celles qui correspondent exactement aux deux fragments relevés sur le fusil et le rasoir.
Ce sont celles de James Earl Ray, un repris de justice évadé, depuis 1967, du pénitencier du Missouri où il purgeait une peine de prison pour hold-up. Sa piste mène à Atlanta où l'on retrouve la Mustang blanche, le cendrier rempli de mégots, bien que Ray n'ait jamais fumé.
Ray lui-même a disparu ; il a gagné le Canada. Le F.B.I. y retrouve sa piste. Mais déjà le fugitif a gagné l'Europe. Deux G'Men débarquent au Portugal, sur ses talons. Ray, se sentant traqué, passe en Angleterre ; de là, il compte s'embarquer pour l'Afrique.
D'où ce minable sort-il tout cet argent qu'il dépense à flots? Mystère.

L'apathie du FBI

A Londres, Scotland Yard, alerté par le F.B.I., arrête enfin Ray.
Celui-ci semble bien connaître la loi anglaise, qui lui permet de refuser de laisser prendre ses empreintes et qui oblige le Yard à le remettre en liberté, après un bref délai de garde à vue.
Scotland Yard en informe le F.B.I., qui suggère une tactique. Durant des heures, Ray est interrogé sans relâche et sans grand résultat. Quand, avec des excuses, on le libère, on lui annonce que le délai légal de garde à vue est passé. Une jeune auxiliaire pénètre dans le bureau avec des sandwiches et des verres de bière.
Ray n'a ni bu ni mangé depuis le matin. Assoiffé et tout à la joie de se retrouver libre, il en oublie toute prudence. Il ne résiste pas à l'offre d'un bon verre de bière fraîche, tandis qu'on achève de taper le rapport de son interrogatoire.
A peine a-t-il avalé une gorgée qu'on lui arrache le verre sur lequel s'étalent de magnifiques empreintes.
Ray a été joué. Extradé, il est ramené à Memphis. Devant le juge d'instruction il reconnaît sa culpabilité. Mais il n'a été qu'un tueur à gages. Il a été recruté, prétend-il, par un certain Raoul, qui lui a fourni tout l'argent nécessaire à l'accomplissement de son forfait et de sa fuite.
Bien qu'il ait décidé de plaider coupable, il refuse de déposer. Il fournit si peu de renseignements à la Justice que l'on se demande s'il n'a pas simplement joué le rôle de leurre, pour détourner l'attention d'un second tireur : le véritable assassin.
On lui en demande d'ailleurs, curieusement, le moins possible. L'instruction est bâclée. Le procès aussi, bien que remis deux fois parce que Ray change constamment d'avocat. Le dernier en piste, Me Foreman, semble avoir, de sa mission, une conception pour le moins étrange.
Loin de chercher à minimiser le rôle de son client en essayant d'accréditer la thèse d'une vaste conspiration, dont celui-ci n'aurait été que le modeste exécutant, il le charge au contraire, dès avant l'ouverture du procès, en accordant une interview à la télévision. Il y déclare être persuadé de la culpabilité de Ray, qui aurait agi seul, poussé par un racisme primaire. Après cela, le procès n'est plus qu'une simple formalité.
La sentence fait l'objet d'un compromis entre l'accusation et la défense. La première a accepté de renoncer à réclamer la peine de mort, à condition que la seconde renonce à introduire tout recours.
Le scandale est énorme. La presse américaine se déchaîne, accuse ouvertement le juge Battle d'avoir, sur ordre supérieur, étouffé l'affaire. De fait, aucun des mystères soulevés par la mort de Martin Luther King n'a été éclairci.
On n'a même pas levé le voile sur les raisons de son assassinat, sur l'identité réelle du fameux Raoul, et encore moins sur celle des instigateurs de l'assassinat. En effet, les énormes sommes dont disposait James Earl Ray suffisent à infirmer la thèse ridicule de son défenseur.
Le F.B.I., qui a déployé un acharnement et une perspicacité extraordinaires pour retrouver le jeune assassin, semble soudain dénué du moindre flair et frappé d'apathie.
Malgré les protestations du Secrétaire d'État à la Justice, des membres du Congrès, de Mrs King, des leaders noirs — protestations qui pleuvent sur le bureau de Hoover — les G'Men n'apporteront jamais de réponse officielle à toutes les questions qui restent posées.
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